Isabelle Orsini
Isabelle Orsini
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Amour , désamour, féminin-masculin.
Le monde de Marion Ranoux est un monde féminin, un monde d’émotions où la sensibilité, l’amour, l’innocence et la fragilité affleurent sous le sexe et …la violence.
C’est un univers très sexuel, peuplé de vulves, de formes étranges et « pendouillantes », à la fois suggestives et répulsives, de matières visqueuses, souples et malléables, d’objets sexuels non identifiés, mamelons ? Phallus ? Testicules ?
Il n’y a aucune intention provocante, pornographique ou voyeuriste dans l’œuvre de Marion, même si on peut y voir cela. Marion montre, suggère sans tabous. Il faut plutôt y voir une œuvre militante : sortir au grand jour la violence sexuelle souvent tue, comme une tentative de sensibilisation à la violence-mort-subite dont les femmes sont parfois des victimes silencieuses.
La violence est omniprésente dans l’œuvre de Marion Ranoux, mais il ne s’agit pas d’une violence froide et sanguinolente. C’est une violence insidieuse, silencieuse, sournoise, invisible et indicible, une violence de tous les jours, harcelante, un enfermement psychologique dans une spirale de maux ordinaires, une violence vécue de l’intérieur, suggérée plus que montrée…. La violence ici, n’est jamais haineuse, elle n’est pas désir de vengeance, elle est juste évoquée, constatée. C’est une violence qui rime étrangement avec amour. Marion sonde et tente de nous en restituer les effets pervers et les ravages psychologiques sur l’être qui la reçoit. Le « commetteur » de violence n’est jamais montré, mais il est toujours présent de son absence, il y a toujours sa place, un vide qui lui est destiné. Il peut être là. Violence sordide et ordinaire entre amour et dés-amour qui s’infiltre parfois entre deux partenaires. On cherche en vain la frontière entre haine et amour, plaisir et déplaisir, attirance et dégoût, jouissance et souffrance, désir et viol, innocence et cruauté et on ne la trouve pas. On finit par ne plus savoir si le plaisir orgasmique est un bonheur ou un enfer. Tout se mélange et de cette frontière ténue, mouvante et insaisissable entre amour et dégoût naît parfois un malaise.
Isabelle Orsini Avril 2008. D’autres textes sur le site de Marion Ranoux.