Humeurs cantonnières.
Les caniveaux sont poétiques et les trottoirs une cimaise à ciel ouvert d’objets perdus, usés ou délaissés qui ont chacun une histoire et portent malgré eux la trace de celui ou celle qui l’a laissé choir.
Une société finalement se raconte au présent en petits morceaux dans ses caniveaux.
« Vous me suivez bien? Pour nous dire par exemple: les êtres humains ne considèrent pas les objets qu’ils délaissent. Dès que ces objets ont terminé leur temps d’efficacité, leur fonction, nos yeux ne les perçoivent même plus comme matière. Je vous montre un trottoir et je vous dis: Qu’est-ce qu’il y a par terre? Et vous me répondez: il n’y a rien. Alors qu’en réalité (il appuya sur le mot) il y a une foule de choses. Vous me suivez bien? »
Fred Vargas. L’homme aux cercles bleus
© Isabelle Orsini/2008
PORTFOLIOS D’INSTANTS
Humeurs cantonnières
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